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Les périodes sensibles 1/2

le terme période sensible vient de la botanique

Si vous vous intéressez au développement de l’enfant, vous avez sans doute déjà entendu parlé des périodes sensibles. Cette notion fait partie des découvertes majeures de Maria Montessori au sujet de l’enfance et est un pilier de la pédagogie qu’elle a développée. Nous vous proposons aujourd’hui de mieux les connaître, de vous aider à comprendre leur utilité et d’apprendre à reconnaître leurs manifestations. Tout un programme !

Maria Montessori a emprunté le terme de périodes sensibles au botaniste néerlandais Hugo de Vries qui avait mis en évidence une sensibilité particulière à la lumière chez la jeune chenille, qui permet de la guider vers les feuilles les plus appropriées à sa croissance. Pourtant une fois adultes, les chenilles deviennent indifférentes à la lumière. De la même façon, le jeune enfant va connaître au cours de ses six premières années des sensibilités particulières qui l’aideront à se développer.

Qu’est-ce qu’une période sensible ?

Maria Montessori décrit les périodes sensibles ainsi dans son livre L’Enfant :

« Il s’agit de sensibilités spéciales, qui se trouvent chez les êtres en voies d’évolution, c’est-à-dire dans les stades de l’enfance. Elles sont passagères et se limitent à l’acquisition d’un caractère déterminé. Une fois ce caractère développé, la sensibilité cesse. »

En d’autres termes, les périodes sensibles sont des laps de temps pendant lesquels le jeune enfant sera particulièrement sensible à certains aspects de son milieu, lui permettant de développer une capacité naturellement et sans effort conscient. Elles prouvent que le développement psychique n’arrive pas au hasard. Certains instincts dirigent l’enfant dans son développement en restant (presque) invisibles à nos yeux.

A quoi servent les périodes sensibles ?

Elles vont permettre à l’enfant de faire des acquisitions essentielles, comme la marche ou le langage, sans intervention de notre part ! Elles sont donc une formidable opportunité pour lui ainsi que pour ses parents ou ses éducateurs. Il suffit d’apprendre à reconnaître ces périodes sensibles et à les respecter, notamment en fournissant à l’enfant un environnement qui n’entrave pas son évolution naturelle, pour lui permettre d’apprendre avec enthousiasme et sans effort conscient. What else ?

Pourquoi est-il essentiel de connaître les périodes sensibles ?

Mieux comprendre l’enfant

Ce que nous appelions auparavant caprices sont en fait des manifestations virulentes dues au non-respect de ces périodes sensibles. La violence de ces manifestations est à la hauteur de l’intensité du besoin de développement de l’enfant.

Il y a plus d’un siècle, Maria Montessori pensait déjà que l’on se trompait avec le terme de caprices, qu’elle définissait elle-même comme les premières « maladies de l’âme » :

« Avant d’avoir étudié ces réactions nous jugions qu’elles étaient sans cause ; devant leur résistance, nous les avons traitées de caprices. Nous appelons de ce terme vague des phénomènes très différents entre eux. Pour nous, est caprice tout ce qui n’a pas une cause apparente, toute action illogique et invincible. »

Aujourd’hui les neurosciences ont démontré que l’enfant de moins de six ans est gouverné par ses émotions et a besoin de nous pour apprendre à les réguler. Il est donc important pour nous, parents, d’essayer de comprendre la cause des crises…

En connaissant les six périodes sensibles, nous serons plus en mesure de comprendre les crises traversées par l’enfant, nous pourrons en identifier certaines, mieux comprendre l’enfant et donc l’aider à s’apaiser. Nous pourrons aussi apprendre à les éviter en lui proposant un environnement adapté à son épanouissement, comme l’explique Maria Montessori :

« Les caprices de la période sensible sont l’expression extérieure de besoins insatisfaits ; ils constituent de véritables avertissements d’une situation fausse, d’un danger ; ils disparaissent immédiatement, quand il est possible de les comprendre et de les satisfaire. »

Un potentiel incroyable mais passager

Maria Montessori explique que la période sensible est une occasion en or pour aider l’enfant à se développer mais qu’une fois terminée, celle-ci disparaît pour toujours. Il nous faut donc être réactif pour pouvoir exploiter tout son potentiel :

« Si l’enfant n’a pas pu obéir aux directives de la période sensible, l’occasion d’une conquête naturelle est perdue, perdue à jamais. »

Prenons l’exemple de la période sensible du langage. Si on en a conscience , on peut facilement repérer l’attrait naturel de l’enfant pour les livres et les lettres. On pourra lui fournir des occasions de développer son potentiel, ce qui pourra aboutir à l’apprentissage de l’écriture et de la lecture avant ses cinq ans. Cet apprentissage, qu’on appelle précoce dans notre société, ne l’est pas selon Maria Montessori qui situe l’explosion du langage écrit vers l’âge de quatre ans et demi.

Bien sûr, une fois la période sensible terminée, l’enfant pourra toujours apprendre à lire en primaire. Alors quel intérêt à apprendre à lire si jeune me direz-vous ? L’enthousiasme, la joie, la facilité ! Souvenez-vous, avant six ans, l’enfant apprend sans effort conscient ! Pour lui ce n’est rien de plus qu’un jeu, il n’a pas conscience d’être en train de développer une acquisition fondamentale… Après six ans, l’enfant devra travailler consciemment pour apprendre à lire, et il associera davantage l’apprentissage à l’effort.

Les six périodes sensibles selon Maria Montessori

La période sensible de l’ordre

Votre enfant a décidé de classer tous ses jouets par couleur ? Il est en crise car vous n’avez pas rangé ses chaussures à leur place habituelle, ou parce que vous avez oublié un élément du rituel du coucher ? Il s’agit sûrement de manifestations de la période sensible de l’ordre.

Cela peut surprendre les adultes qui ont tendance à penser que l’enfant est désordonné par nature, mais celui-ci a besoin d’ordre dès son plus jeune âge. L’ordre est vital à l’enfant. Pour être sécurisantes pour lui, les choses doivent être ordonnées. Dès l’âge du Nido, le nourrisson a besoin de rituels qui lui permettent de se repérer dans le temps et d’anticiper les événements à venir. Il est important pendant le moment du change par exemple d’effectuer les mêmes gestes dans le même ordre. Nous devons offrir à l’enfant un cadre rassurant et logique pour l’aider dans son développement psychique. L’environnement que nous offrons à votre enfant doit être organisé, logique, pour lui permettre de se repérer :

« L’ordre des choses, c’est connaître la place de chacune d’elles ; c’est se rappeler l’endroit où chaque objet se trouve, c’est-à-dire être capable de s’orienter dans l’ambiance, la posséder dans tous ses détails »

Mais attention, on ne cherche pas ici à obtenir des enfants maniaques et ordonnés ! Comme toutes les périodes sensibles, l’ordre soutient la construction psychique de l’enfant : il a besoin d’avoir dans un premier temps une construction intérieure ordonnée pour pouvoir plus tard accepter la différence et le désordre.

Cette période sensible débute dès les premiers mois de l’enfant (même si elle est plus difficile à repérer avant que l’enfant puisse parler) et s’estompe aux alentours de deux ans pour s’exprimer ensuite de manière plus douce.

La période sensible du mouvement

Cette période sensible ne passe pas inaperçue… Nous avons tous déjà pu constater que les jeunes enfants ne tiennent pas en place. Et c’est tant mieux ! Pour Maria Montessori, le développement du mouvement est étroitement lié à celui de l’intelligence. Obliger l’enfant de moins de 6 ans à rester assis sur sa chaise pendant des heures n’a pas de sens à ses yeux. C’est pour cette raison qu’on laisse les enfants libres de leurs mouvements à la Maison des Enfants :

« Quand nous pensons à l’exercice de l’intelligence, nous imaginons tous les gens assis, immobiles ; mais le développement mental doit être relié au mouvement et dépendre de lui. »

Dès les premiers mois de l’enfant, l’idéal est donc d’opter pour la motricité libre afin de permettre à l’enfant de réaliser les mouvements que lui dicte son psychisme. Une fois arrivé l’âge de la marche, évitons le plus possible la poussette lorsque celle-ci n’est pas indispensable. Bien sûr ce n’est pas toujours facile, mais il faut essayer de respecter le rythme de l’enfant le plus souvent possible. Le trajet crèche-maison prendra sûrement deux fois plus de temps en le laissant marcher, mais il permettra à votre enfant de se construire !

« L’enfant, lui, marche pour élaborer ses propres fonctions. Son but est donc de se créer lui-même. »

La période sensible du mouvement dure particulièrement longtemps car elle comprend deux phases : celle du développement du mouvement, de la naissance à trois ans, puis celle du raffinement du mouvement, de trois à six ans.

Retrouvez prochainement la suite de notre article sur les périodes sensibles !

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