Vous êtes passionnés par l'éducation et Montessori ?
Rejoignez-nous ici

Qui est Maria Montessori 2/2 ?

maman allaitant son bébé

Nous avons retracé dans notre premier article dédié à Maria Montessori le début de son parcours. Après avoir affronté la société conservatrice italienne et son propre père, elle devient en 1896 la première femme médecin d’Italie puis prend la direction d’une école d’état d’orthophrénie pour accueillir les enfants déficients de Rome. Elle reprend ses études en 1903 avec l’intuition que ses découvertes auprès des enfants déficients pourraient également aider les enfants ordinaires. Nous allons voir ici combien cette intuition était juste !

L'expérience de San Lorenzo

En 1906, Maria Montessori rencontre Edoardo Talamo, responsable des bâtiments à Rome. Il lui propose de prendre en charge les enfants du quartier défavorisé de San Lorenzo. Il s’agit d’une banlieue créée pour héberger la main d’œuvre immigrée due au développement urbain de la ville. Les parents partent travailler et laissent des enfants livrés à eux-mêmes dans les rues, jusqu’à ce qu’ils soient en âge de travailler, à 8 ans. Maria Montessori voit dans cette opportunité l’occasion d’appliquer enfin ses études menées sur les enfants déficients au profit d’enfants ordinaires.

Le 6 janvier 1907, elle ouvre la première « Casa Dei Bambini » (Maison des Enfants) au rez-de-chaussée d’un des immeubles de San Lorenzo où les enfants vivent. Elle accueille une soixantaine d’enfants et choisit comme institutrices des femmes inexpérimentées pour pouvoir les former à sa façon. Son intention est de créer un lieu adapté à l’enfant pour permettre le développement de l’activité spontanée et révéler ainsi sa vraie nature. Elle fait fabriquer du mobilier adapté à la taille des enfants pour qu’ils puissent le transporter, ce qui est à l’époque inédit. Elle prépare tout le matériel analogue à celui qu’elle a utilisé pour les enfants déficients. San Lorenzo devient son laboratoire pour les années à venir.

« Soixante gosses peureux et larmoyants, si timides qu’on ne peut les faire parler ; visages inexpressifs aux regards hébétés comme s’ils n’avaient jamais rien vu… pauvres abandonnés qui ont poussé dans l’obscurité et le désordre des taudis, sans que rien vienne stimuler leur intelligence. Il n’est pas besoin d’être médecin pour découvrir sur eux les traces de la dénutrition et du manque d’air et de lumière. Boutons fanés avant d’avoir éclos, ils cachent leur âme dans une cellule hermétique ».

C’est ainsi que Montessori décrit les enfants qu’elle accueille à la Maison des Enfants de San Lorenzo ce 6 janvier 1907. Mais elle a foi en ce qu’elle a commencé à découvrir au sujet du potentiel de l’enfant et ne se décourage pas.

La magie opère en quelques mois à peine :

« Je croyais être comme une paysanne qui avait mis de côté la bonne semence, et à qui on était venu offrir une terre féconde où la semer librement. Mais il n’en fut pas ainsi : à peine avais-je remué les mottes de cette terre, que je trouvai de l’or à la place du grain. Les mottes cachaient un trésor précieux. Je n’étais pas la paysanne que je croyais être ».

Sa contribution expérimentale

C’est à San Lorenzo que Maria Montessori fait une de sa première découverte majeure : celle de la polarisation de l’attention. A partir du moment où l’enfant trouve des objets lui permettant d’entrer en résonnante avec ses besoins, il peut accéder à un cycle long d’activité et à une grande concentration.

Elle découvre ce phénomène de concentration en mettant à disposition de ces enfants défavorisés de quoi se laver les mains en entrant à la Maison des Enfants : elle observe que même une fois leurs mains propres, ils recommencent, ralentissent leurs mouvements, se concentrent. Elle comprend que quelque chose d’important se passe et dépasse le motif du lavage de mains. L’activité de l’enfant n’est pas mise en route par des directives extérieures, mais elle répond à une directive intérieure, et la répétition l’amène à la concentration. L’important pour la construction de l’enfant est dans le processus et non dans le résultat.

Elle découvre également à San Lorenzo l’attrait pour l’ordre du jeune enfant, qu’elle qualifiera de période sensible. L’existence des périodes sensibles chez l’enfant sera sa deuxième découverte majeure. Elle listera six périodes sensibles chez l’enfant : celle de l’ordre, du mouvement, du langage, des perceptions sensorielles, celle du développement social et celle des petits objets.

Elle devient célèbre en découvrant le phénomène d’explosion de l’écriture et de la lecture chez l’enfant de 4 ans : l’histoire de la Maison des Enfants de San Lorenzo traverse les océans. En 1913, elle part aux États-Unis pour partager ses découvertes.

Les années de San Lorenzo ont cristallisé les grandes découvertes de Maria Montessori. Elle écrit alors son premier livre : Une méthode scientifique de pédagogie appliquée aux enfants (aujourd’hui devenu Pédagogie scientifique).

Naissance du mouvement montessorien

Maria Montessori commence à former des éducateurs : en 1909 a lieu le premier cours national à Rome, puis en 1913 le premier cours international à Citta di Castello : plus de cent personnes y assistent, venant du monde entier.

Graham Bell et son épouse l’invite au États-Unis et contribueront à la fondation de l’association américaine Montessori. Elle tient une conférence au Carnegie Hall devant 5000 personnes, où elle reçoit un accueil chaleureux. C’est l’année de l’exposition universelle : elle en profite pour présenter sa méthode en installant une ambiance montessorienne dans une classe de verre. « L’enfant nouveau » remportera deux médailles d’or de l’exposition.

En 1929, elle fonde l’Association Montessori Internationale dont les objectifs sont de préserver, propager et promouvoir les principes pédagogiques et pratiques qu’elle a formulés pour le plein développement de l’être humain.

Le mouvement devient international et des écoles ouvrent partout dans le monde : en Russie, en Chine, au Japon, au Canada, en Allemagne, en Hollande, en Inde… Maria Montessori est de plus en plus sollicitée pour donner des conférences mais elle continue également à travailler sans répit pour développer sa méthode.

A Calais, lors d’un congrès sur les pédagogies nouvelles, elle s’exprime au sujet d’une nouvelle pédagogie qui implique un changement de regard sur l’enfant. En 1933, elle assiste Jean Piaget à Nice pour son unique cours en France.

L’éducation pour la paix… en temps de guerre

Maria Montessori est témoin de la montée du fascisme d’entre deux guerres. Les systèmes totalitaires s’intéressent à ses écoles : pour éviter la récupération fasciste, elle décide de les fermer.

Elle continue ses voyages, vit un moment en Espagne où elle écrit deux ouvrages : Psycho-Geometrica, dans l’introduction duquel elle présente les mathématiques comme un chapitre peu exploré du développement psychique de l’enfant, et Psycho-Grammar, en 1935. La même année, elle publie L’Enfant (traduction française discutable des Secrets de l’enfance en italien).

A l’aube de la seconde guerre mondiale, elle est en route pour l’Inde quand celle-là éclate. Elle restera assignée à résidence là-bas pendant toute la guerre. Elle y donnera beaucoup de cours, ce qui explique le lien fort existant entre la pédagogie Montessori et l’Inde. C’est là-bas qu’après s’être intéressée pendant toutes ces années à l’enfant de 3 à 6 ans, elle réfléchira à une proposition pour l’enfant de moins de 3 ans et celui de plus de 6 ans : c’est pendant ses années indienne qu’elle définira le concept d’ « éducation cosmique ».

Le travail d'une vie entière

En 1949, à soixante-dix-neuf ans, elle revient en Europe pour le congrès Montessori International sur le thème de la formation de l’homme dans la reconstruction du monde, à San Remo. Elle continue de voyager et de donner des conférences. Elle sera aidée par son fils, Mario Montessori, qu’elle désignera comme son successeur auprès de l’Association Montessori Internationale. Elle reçoit une ovation à l’Unesco, la Légion d’honneur en France, est proposée trois fois pour le Prix Nobel de la Paix.

Elle donne son dernier cours à 80 ans, et préparait un voyage en Afrique à la veille de sa mort, le 6 mai 1952, en Hollande, où elle s’était établie depuis son retour des Indes.

De son vivant, Maria Montessori a été la seule à former des personnes à sa pédagogie et n’a pas formé de formateurs. Ses collaborateurs et son fils Mario prendront le relais de manière informel, mais il faudra des années pour structurer une réelle formation de formateur montessorien. Son fils Mario continuera son œuvre jusqu’à sa mort en 1982.

Partagez :
Articles récents
frais de garde des enfants de moins de 6 ans
Par Fatiha Ouizbouben26-mai-23
Les frais de garde des enfants de moins de 6 ans
trouver nounou montessori
Par Fatiha Ouizbouben12-mai-23
Comment reconnaître une nounou Montessori ?